Quelques idées reçues sur l’accès ouvert
L’open access est un modèle économique
Faux : L’open access est un modèle de diffusion des savoirs et de l’information scientifique. Il est compatible avec des modèles économiques, juridiques, techniques variés.
Son objectif est la mise à disposition libre sur internet, autorisant les lecteurs, dans le respect du droit d’auteur, à lire, télécharger, copier, distribuer, imprimer, rechercher ou lier le texte intégral des articles, à les indexer, à les récupérer pour les traiter informatiquement et à s’en servir pour tout autre usage légal, sans barrière financière, juridique ou technique autre que celles nécessaires pour se connecter à internet.
L’open access, c’est gratuit
Faux : Un accès libre est un accès gratuit pour le lecteur, mais le passage du texte de l’auteur au lecteur a toujours un coût.
Les revues en open access sont financées en amont par les institutions (universités, organismes de recherche, laboratoires, grandes écoles…), qui payent les chercheurs pour leur travail de recherche, de rédaction et de validation (“peer-review”, participation aux comités éditoriaux…) des contenus. Mais ce n’est pas parce que la production de ces contenus a un coût qu’il faut en ajouter un pour leur consultation. La diffusion en open access supprime les coûts de gestion liés aux abonnements (facturation, élaboration de licences, négociation…).
Avec les revues en open access, c’est l’auteur qui paye
Faux dans 66% des cas : le Directory of Open Access Journals (DOAJ), qui répertorie toutes les revues en libre accès, recense aujourd’hui près de 9000 titres. Sur ceux-ci, près de 6000 titres ne font pas payer de frais de publication (Article Processing Charges, APC).
Parmi les revues en open access faisant payer des APC, qui restent minoritaires, certaines acceptent d’en exempter les auteurs qui en font la demande motivée.
Publier un article en open access, c’est perdre les droits d’auteur sur son article
Faux : Le fait de publier dans une revue en open access ne supprime pas plus le droit d’auteur que lorsque l’on publie dans une revue accessible sur abonnement. Certains éditeurs demandent à leurs auteurs de leur céder les droits sur leurs articles, d’autres les autorisent à les conserver : le fait que les articles soient disponibles en libre accès n’a pas d’incidence sur leur régime juridique. Il arrive que les revues en libre accès proposent aux auteurs de diffuser leurs articles en libre accès sous une licence creative commons : cela leur permet de définir et d’afficher les utilisations autorisées pour ces articles.
Si mon article est diffusé en open access, il va être plagié
Les plagiaires n’ont pas attendu l’open access pour s’approprier des textes qui n’étaient pas les leurs ; le fait que les articles soient diffusés en libre accès permet au contraire aux auteurs de revendiquer la paternité de leurs articles publiquement, et facilite le repérage des reprises abusives.
Les articles publiés en open access ne sont pas de bonne qualité car ils ne sont pas validés scientifiquement
Faux : L’open access est un mode d’accès et de diffusion de l’information : la validation scientifique des contenus des revues est indépendante de leur mode d’accès. Comme pour les revues accessibles sur abonnement, il peut exister – ou pas – un comité éditorial chargé d’organiser la validation des articles qui lui sont soumis pour publication. Comme pour les revues accessibles sur abonnement, le comité éditorial peut rejeter les articles ne correspondant pas aux standards de qualité scientifique.
Les articles publiés en open access dans des revues accessibles sur abonnement (ce que l’on appelle l’open access “hybride”) sont soumis au même processus de sélection et de validation scientifique que les autres articles – c’est après l’étape de validation que les auteurs peuvent choisir de payer pour diffuser leurs articles en open access.
Les revues en open access n’ont pas de facteur d’impact
Faux : Les revues en open access sont prises en compte dans le classement international de l’ISI au même titre que les revues sur abonnement. Il est possible que leur facteur d’impact augmente rapidement puisque les articles qu’elles publient sont plus facilement accessibles, donc potentiellement plus facilement citables.
Dans une archive ouverte, les articles ne sont pas validés
Faux : Les archives ouvertes sont des réservoirs de documents validés, elles n’organisent pas elles-mêmes la validation des documents, qui sont publiés par ailleurs. Les archives ouvertes sont régies par des politiques scientifiques, qui définissent le type de documents dont elles acceptent le dépôt : en ce qui concerne les articles scientifiques, c’est au minimum la version acceptée pour publication dans une revue scientifique qui est exigée.
Il y a des cas d’abus et de fraude scientifiques dans les revues en open access
Vrai : Mais pas plus que dans les revues accessibles sur abonnement. Le fait que les articles soient en libre accès permet de repérer plus rapidement les abus et de les corriger.
Si l’open access se développe, les sociétés savantes vont péricliter
Faux : Les sociétés savantes éditrices de revues ont pour objectif premier la diffusion des connaissances produites par leurs membres.
L’open access permet une plus large exposition de leur travail, au sein et au-delà de leur communauté. Des modèles économiques ouverts, alternatifs au schéma des abonnements, sont en train d’être bâtis un peu partout dans le monde : l’open access est tout à fait compatible avec la production de services payants, du moment que les contenus restent accessibles au plus grand nombre. En France, le modèle Freemium permet d’assurer aux revues le revenu nécessaire à leur fonctionnement tout en mettant leurs contenus à la portée du grand public.
L’open access, c’est la mort de l’édition et du peer-reviewing
Faux : L’édition numérique, au même titre que l’édition imprimée, nécessite des compétences professionnelles pointues, qui ne s’improvisent pas. Editer, à l’ère numérique, cela reste un métier : les éditeurs ont toute leur place dans la fabrication, la diffusion et la promotion des revues en libre accès. Leur rôle de premier plan dans l’organisation de la validation (le peer-reviewing) des articles n’est pas remis en cause par le libre accès.
L’open access interdit toute valorisation commerciale
Faux : L’open access est compatible avec des modèles économiques variés. Il autorise toutes sortes de valorisations, dans un cadre non lucratif comme dans un cadre commercial, et permet une grande créativité dans les modèles d’affaires qui peuvent y être associés : accès premium pour des contenus autres que les articles de recherche, offre de services (formats différents, statistiques d’usage, possibilité de se créer des alertes…) complémentaires, édition de versions imprimées payantes, publication d’articles sur souscription ou sur financement communautaire, ouverture des contenus moyennant le paiement de frais de publication par l’auteur ou son institution, adhésion institutionnelle couvrant les frais de publication des auteurs d’un même établissement, etc.
Les revues en open access sont moins visibles que les revues sur abonnement
Faux : En étant pleinement exposées sur le web, les revues en open access sont potentiellement plus visibles. Elles peuvent être plus facilement citées, liées et sont, de fait, mieux référencées par les moteurs de recherche. Leurs éditeurs assurent, comme pour les revues sur abonnement, leur travail de promotion, celui-ci étant facilité par les possibilités apportées par les réseaux sociaux.
L’open access n’a aucun intérêt pour moi
Faux : En tant qu’auteur, le fait que vos articles soient en libre accès augmente leur visibilité, et, des études le montrent, leur citabilité. Cette visibilité accroît les possibilités de collaboration avec d’autres chercheurs de votre domaine ou d’autres domaines.
Publier en open access augmente le nombre de citations
Vrai : De nombreuses études démontrent l’impact de la publication en open access sur le taux de citation des articles. Un article en open access bénéficie d’une exposition plus importante sur le web, il est plus facilement citable et référençable dans les moteurs de recherche.
Pourquoi de l’open access, puisque les articles sont déjà accessibles dans toutes les bibliothèques universitaires ?
Faux : Aucune bibliothèque universitaire n’a les moyens de s’abonner à toutes les ressources numériques proposant des articles scientifiques en texte intégral. Dans certaines zones du monde, la diffusion des articles en open access, par le dépôt dans des archives ouvertes ou via des revues en open access, est le seul moyen d’accéder à des pans entiers de la recherche internationale.
Les bibliothèques universitaires dépensent l’essentiel de leurs budgets pour des contenus fermés
Vrai : Les ressources en open access, si elles sont de plus en plus souvent mises en avant sur les sites des bibliothèques, représentent une part minime dans leur budget. Le coût des ressources payantes augmente de façon exponentielle depuis une quinzaine d’années et, malgré la création de consortia pour négocier tarifs et conditions d’accès, il devient difficile pour les bibliothèques d’y faire face. L’accès à ces ressources est restreint aux membres de chaque institution universitaire, toutes n’ayant pas forcément les mêmes abonnements. Une réflexion globale est en cours sur les moyens de sortir de cette crise ; l’open access est une piste à envisager. Si plus de contenus sont disponibles librement, les budgets que les bibliothèques consacrent aux ressources payantes pourront être réinvestis dans des initiatives en faveur du libre accès.
La littérature scientifique n’a pas d’intérêt pour le grand public, elle est trop spécialisée
Faux : L’accès libre à la littérature scientifique n’est pas qu’une préoccupation scientifique, c’est également une question de société : il est important que les personnes en dehors de la recherche, mais qui s’y intéressent (les “amateurs éclairés”) puissent la consulter, afin de les utiliser si elles ont les compétences nécessaires (par exemple cet adolescent qui a mis au point un système de dépistage du cancer du pancréas), ou d’en transmettre les enjeux et les impacts à la communauté (par exemple dans le cas des journalistes scientifiques). La recherche présente par ailleurs souvent un intérêt ponctuel en dehors du champ universitaire, lorsque ses résultats peuvent avoir des incidences sur des questions de société (voir par exemple cette initiative pour l’ouverture des données sur les maladies). Dans tous les cas, le public doit rester libre de pouvoir choisir ce qu’il veut consulter selon ses centres d’intérêt.
L’open access, ce n’est pas une nouveauté
Vrai : Sous des formes diverses, l’idée du libre accès fait son chemin depuis les années 1990. De nombreuses déclarations émanant de communautés de chercheurs, d’organismes de recherche, d’universités, de gouvernements ont construit, amélioré, fait évolué les principes du libre accès. L’open access n’est pas un effet de mode, ni la conséquence de la baisse des budgets de recherche ou des bibliothèques, mais bien un mouvement de fond pour la recherche, l’édition, et le public.